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La ville de demain ne se fera pas sans les femmes [Zibeline]

  • Photo du rédacteur: Claire Grazini
    Claire Grazini
  • 20 nov. 2020
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 déc. 2020

La cité inclusive est-elle une cité imaginaire ? Pour le moment, oui. Les villes

actuelles n’incluent pas les femmes dans l’espace public.


40% des femmes ont renoncé à fréquenter certains lieux publics suite à des manifestations du sexisme selon les chiffres du Ministère chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances. Mais alors, c'est quoi une ville idéale pour les femmes ? Une ville dans laquelle « le continuum des violences est aboli » répond Daniela Lévy, porte-parole d'Osez Le Féminisme (OLF) 13. Dans la rue, à la maison, au travail, les violences sexuelles et sexistes se perpétuent. En 2017, environ 1 million de femmes ont été confrontées au moins une fois à une situation de harcèlement sexuel au travail ou dans les espaces publics selon les chiffres du gouvernement. Outre la prévention des violences, l'accompagnement des victimes et la sanction des agresseurs que préconise la porte-parole du mouvement féministe, l'aménagement des espaces publics en faveur des femmes participe aux solutions de réduction des inégalités et des violences.


Selon une carte interactive qui recense les noms des rues à Marseille, 81 voies portent un nom de femme sur plus de 5 000 rues. Dans le cadre de l'action Fémicité, les militantes d'OLF renomment les rues existantes avec des noms de femmes. Pour Daniela Levy et Marie-Paul Grossetete, ayant réfléchi à des solutions contre le harcèlement de rue lors des Etats Généraux de Marseille en 2019 : « Attribuer des noms de femmes aux rues [permet de] lutter contre la violence symbolique des femmes rendues invisibles dans la mémoire collective en y collant des noms de femmes qui ont marqué l'histoire. »


Les enjeux de mixité et d'égalité dans l'espace public se jouent dès le plus jeune âge au sein des cours d'école et lors des loisirs. En effet, selon Yves Raibaud, auteur de La ville faite par et pour les hommes, 75% des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes profitent aux garçons. Les rendus des Etats Généraux de Marseille dénoncent aussi « la politique d’équipements sportifs publics [qui] favorisent les sports fortement genrés, par exemple le programme de requalification de Noailles, comprenant la mise en place d’un terrain de foot et de baskets, deux sports quasi-non mixtes. » C'est là que la municipalité entre en jeu. En août 2020, la maire avait annoncé, dans une interview sur Europe 1, vouloir "travailler à dé-genrer les cours d'écoles" pour combattre les inégalités au plus tôt. Si la volonté y est, il ne reste plus qu'à agir. Anaïs Bourdet, militante féministe à l'origine du blog Paye Ta Shnek qui a recueilli des milliers de témoignages contre le harcèlement de rue, se méfie des annonces politiques : « Après 10 ans d'engagement, j'ai toujours une méfiance parce qu'il peut y avoir un gigantesque fossé entre les promesses et ce qu'on met en place une fois élu.e. »


Autre point de tension dans la ville pour les femmes ? Les transports en commun. Pour Anaïs Bourdet, la ville idéale pour les femmes est « une ville dans laquelle je n'ai pas besoin d'avoir un budget Uber pour rentrer en sécurité chez moi le soir ». Selon l'étude menée par la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (FNAUT) en 2016, 87% des répondantes à l'enquête affirment avoir été victimes de harcèlement dans les transports et 54 % avouent éviter les transports en commun à certaines heures, notamment une fois la nuit tombée. Pour y remédier, des députés ont voté en mai 2019 pour la généralisation de l'arrêt à la demande la nuit pour que les usagères n'aient pas à marcher une longue distance jusqu'à leur domicile. Rien de tel n'a encore été mis en place à Marseille.


Maeva Longvert, plasticienne à l'origine du projet Nyctalope a voulu questionner la place des femmes dans l'espace public la nuit au travers des trajectoires adoptées par celles-ci. Ce projet artistique en cours de réalisation, soutenu par Lieux Publics, amène les femmes qui y participent à se réapproprier les « espaces de tensions » la nuit venue, que ce soit un passage piéton ou une rue étroite par exemple. La plasticienne, également designer textile, tricote un filet rouge de chantier pour l'intégrer à cette performance toujours dans l'idée de réappropriation de l'espace d'autant plus que « le rouge est à la fois la couleur des organes, des menstruations mais aussi un symbole de puissance ». Sa ville idéale ? « Celle où les femmes reprennent en main leur liberté à être dans l'espace public ».


Article publié initialement dans le tiré à part de Zibeline pour les Rencontres d'Averroès

Crédits photo : Collages Féministes Marseille

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